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Citoyenne diariste
Pseudo: Aliena
Pays: Suisse
Occupation: licenciée en philosophie
La ville en bleue d'Aliena: 17.08.04-16.11.07


"Der Himmel über Berlin" (Les ailes du désir)

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Until you're in
Ces derniers temps j'expérimente quelques vérités banales qu'on a tendance à utiliser sans saisir leur portée exacte. La dernière en date, et peut-être celle qui les réume toutes, c'est celle qui affirme qu'il y a certains "évenements" qu'on ne comprend vraiment qu'après les avoir vécus soi-même. Il y a peu cela m'a révoltée. Je situe le contexte.

Je traversais une période très dure suite à la mort de mon père et je constatais avec amertume que plusieurs de mes amis me fuyaient ou me reprochaient mon silence relatif. Je me souviens particulièrement d'uns conversation avec une amie. J'essayais de m'ouvrir à elle en lui parlant de ma peine et de ce que j'avais vécu. Mal à l'aise, elle détournait les yeux et je sentais qu'elle souhaitait changer de sujet de discussion au plus vite. Je m'arrêtais donc, un peu déçue mais persuadée qu'un échange forcé sur ce thème ne serait agréable ni pour l'une ni pour l'autre. Elle enchaîna donc facilement sur un autre sujet la concernant. Comme nous ne nous étions pas vues depuis un moment, elle me parla de sa vie ces dernières semaines. Un point sembla être très important pour elle: la mort de son animal de compagnie. Je savais qu'elle était très attachée à cet animal et qu'à son départ de chez ses parents il lui avait été très difficile de ne pas l'enmener vivre en ville avec elle. Mais quand elle me raconta qu'elle était retrounée chez ses parents quelques jours pour veiller son compagnon et que je vis des larmes dans ses yeux, je me sentis complètment interloquée. Je ne comprenais plus rien.
J'étais perdue, je me demandais bien ce que je faisais là et dans quel monde je vivais. J'écoutais pourtant, je répondais même, mais j 'étais ailleurs. En rentrant chez moi je tentai d'analyser mes véritables sentiments pendant cette discussion. A mesure que je marchais, quelque chose commença à monter en moi, oui, en réalité j'étais révoltée, déçue et amère. Je ne pouvais m'empêcher de trouver cette conversation totalement injuste et ridicule. Des images se bousculaient dans ma tête: cette amitié fragilisée, mon père srur son lit de mort, ses larmes, ce pauvre animal agonisant, tout se mélangeait. Quelques jours plus tard, je ne gardais que ce goût amer que laisse la déception et la tristesse. La rage était passée, restait l'incompréhension.
Quelques temps plus tard, une autre situation. Pour faire court, je dirais simplement que j'ai eu à faire à un médecin qui m'expliqua en des termes très scientifiques une situation qui me touchait profondément, plus profondément que n'importe quelle maladie. Bref. Là aussi, incompréhension, fossé. J'ai énormément réfléchi et j'en suis venue à cette banale vérité: il y a des situations qu'on ne peut véritablement comprendre qu'en les vivant. Je ne sais pas ce que c'est que de perdre un animal auquel je suis attachée et elle ne sait pas ce que c'est que de perdre un père. Je ne connais pas grand chose à la médecine et le médecin n'a jamais été confronté à ce dont il me parlait.
Je me rappelle (encore) de ce passage de Grey's Anatomy (note pour moi-même: ne pas citer sans cesse des soap/drama américains, ça peut faire mauvais genre hein...):

"There's a club. The Dead Dads Club. And you can't be in it until you're in it. You can try to understand, you can sympathize. But until you feel that loss ... My dad died when I was nine. George, I'm really sorry you had to join the club."
Je crois que j'ai avancé et que j'ai intégré la fameuse vérité. Je ne lui en veux plus et je regrette de lui en avoir voulu. C'était là, sous mon nez, dans un épisode d'une série même, il y a des choses qu'on ne peut pas comprendre, des clubs fermés dans lesquels on entre que quand on y est. Même pour comprendre le sens de cette vérité il faut être confronté à ce fossé, cette incompréhension.


Edit 4.11: Je voudrais ajouter que ce n'est pas parce qu'on partage une même situation avec quelqu'un (mort d'un proche par ex), qu'on comprend de manière pleine et entière la souffrance de l'autre. Se rapprocher, prendre avec et pas  s'identifier.
Ecrit par Aliena, le Mercredi 24 Octobre 2007, 15:50 dans la rubrique "Journal de bord".
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Commentaires :

  Songe
Songe
31-10-07
à 09:52

Tu sais Aliena, je ne pense pas que ce soit un absolu mais la clef pour comprendre bien des décalages entre notre vécu et celui des autres. En faisant partie d'amnesty International, je suis amené à m'adresser à des gens qui ont vécu la torture, l'assassinat, l'exil et s'il est vrai qu'il est difficile de savoir quels mots mènent à eux, j'ai aussi remarqué qu'il n'y a pas nécessairement des mots à trouver mais davantage de mots à entendre et comprendre. Or comprendre n'est pas donné qu'à ceux qui ont vécu, alors que ressentir oui. C'est sans doute ce sentiment qu'il nous manque pour dire à l'autre "je sais" et l'accueillir dans le club de ceux qui savent en ouvrant les bras, le coeur.

Il y a bien des sujets graves pour lesquels je déplore le regard fuyant des autres, des choses qui ne font ni partie de ma vie ni de la leur, mais de notre monde. Je trouve parfois douloureux de me retrouver dans un silence gêné quand je raconte et confie ce avec quoi les autres ne souhaitent pas se charger. Mais tu as raison, je ne leur en veux plus depuis que j'ai compris qu'on ne force pas l'autre à répondre à sa sensibilité, il faut qu'il s'y reconnaisse pour y répondre.

Merci de ton commentaire chez moi, sur un sujet où je supporte mal aussi de rester face au silence ...

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  Aliena
Aliena
04-11-07
à 20:21

Re:

Tu as raison, quelques fois il suffit de ne pas détourner les yeux devant le vécu d'autrui, reconnaître simplement la souffrance de l'autre, même si elle nous est étrangère. C'est difficile parce que c'est soi même qu'on voit dans le regard de l'autre...
Merci de ton passage.
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  Miss-Jade
Miss-Jade
01-11-07
à 19:13

Moi je suis désolée mais je ne comprends pas...
Ton article m'a rappelé un truc. Il y a 2 ans maintenant, mon chien (que j'aimais tellement...) est mort et j'avais écrit un long long post sur le sujet parce que j'étais réellement très triste. Au même moment, un autre bloggeur que j'aimais beaucoup a perdu son meilleur ami. Et je me suis sentie mal. A cause de mon post. J'ai failli le supprimer même.
Parce qu'effectivement, je ne sais pas ce que c'est que de perdre quelqu'un de si proche, je ne sais pas ce que c'est de perdre son père, mais ça me paraissait évident que de toute façon, la mort d'un être humain ne pouvait pas être mise sur le même plan que la mort d'un animal (d'autant plus que mon chien avait eu une longue vie heureuse, tandis que le garçon en question est mort jeune). Je trouve ça déplacé.

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  Aliena
Aliena
04-11-07
à 20:15

Re:

D'abord, merci pour ton commentaire.
Sa réaction était peut-être déplacée, je te l'accorde. Je crois que j'avais besoin d'essayer de comprendre, une fois la colère passée. Je pense avoir trouvé une explication, et non une excuse à son comportement. J'essaye, autant que je peux, de ne pas renoncer à comprendre, à avancer. Je suis assez idéaliste dans mon genre (à mes risques, périls, et bonheurs).
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