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"Parfum" de mots
Même ce cher Plotin commence à me sortir par les yeux. Plus que 3 semaines. Difficile de croire que 4 ans se sont écoulés. Mais il n'est pas encore temps pour le bilan, dans 3 semaines. En attendant, je vais au cinéma voir "Le Parfum"... ;-)
Comme un certain nombre de personnes, j'ai lu le roman de Süskind et j'ai beaucoup aimé. L'idée de base est plutôt originale, le monde de l'odorat est rarement exploré en littérature. De plus, Süskind me paraît très doué pour les descriptions et les ambiances. Quand on referme ce roman, on "sent" le monde autrement. Cependant, pour moi, cela va beaucoup plus loin. Le roman s'appelle "Le Parfum" et non "Les Parfums". Toute la différence.
Je m'explique. A mon avis, le titre se réfère au parfum que J-B Grenouille veut créer en rassembler les odeurs de toutes ces femmes (à ce propos, n'est-ce pas là un cliché? ou au moins une idée pas assez explorée?). Jusque là, rien de neuf sous le soleil. Pouqruoi Grenouille fait-il cela? Pour avoir une odeur propre, pour exister. L'intérêt de l'histoire est selon moi cette prooblématique de l'existence pour soi et pour les autres. Peut-on vivre si on ne "sent" pas exister soi-même? si les autres ne sentent pas notre existence? Il est facile de voir que la plupart des êtres humains ont besoin de la compagnie de leurs semblables, d'appartenir à un groupe. Mais je crois que cela va plus loin.
Selon E. Lévinas, le visage de l'autre est en lui-même le commandement "Tu ne tueras point". Pourquoi en serait-il ainsi? Je crois que voir le visage de l'autre, l'autre voyant notre visage, nous sommes confrontés à notre propre existence. Nous avons besoin du regard de l'autre qui dit "tu ne tueras point", nous avons besoin qu'autrui reconnaisse notre existence. Ce ne sont que des pistes, mais il me semble qu'il y a pas de choses à creuser dans ce thème.
Revenons au film. Premièrement, Dustin Hoffman, qui est un acteur que j'adore (ne serait-ce que dans "Rain Man") est juste ridicule dans son rôle de parfumeur. L'acteur un peu près inconnu qui joue Grenouille est plutôt pas mal, même si je ne suis pas extrêmement convaincue par l'interprétation que le réalisateur fait du personnage de Grenouille. Evidemment, pour les besoins du cinéma grand public, Grenouille est bien mieux physiquement que ce à quoi on pourrait s'attendre en lisant le roman (Grenouille est repoussant dans le roman). Mais ce n'est pas ça qui me gêne en priorité. Je trouve que Grenouille est un peu trop présenté comme un demeuré, une pauvre âme perdue qui cherche la reconnaissance de sa propre vie par les autres êtres humains. Certes, il y a de cela, mais d'après Süskind, le personnage est bien plus nuancé. Il reste que Grenouille est un meurtrier, un psychopathe de génie mais un psychopathe quand même. La violence même que Grnouille met à se créer une identité "existante" (qui est en vie) est très importante, dans le film elle disparaît quelque peu. Mais peut-être n'est-ce là qu'une interprétation personnelle infondée. Après tout je ne suis pas critique de cinéma.
Pour le reste, le film est à mon avis assez raté. Les images sont bien moins riches que les mots, même avec des couleurs saturées et des scènes qui se veulent explicites. Les mots ouvrenet toutes les portes. Pour moi, le film veut en jeter plein la vue et c'est en vain. Voilà un livre simplement inadaptable parce que sa trame est basée sur un sens qui ne peut être retranscrit en images. Exemples: les cheveux presque rouge vif des femmes, Grenouille bébé au milieu des poissons morts et la scène d'orgie sexuelle qui tourne au ridicule. Tout ça est simplement trop et vain.
A mon humble avis, il fallait éviter ce qui est inadaptable et se concentrer sur ce qui est intéressant dans le roman, ce qu'il y a derrière. Il aurait été peut-être possible de changer l'histoire tout en conservant le thème de la quête d'une existence reconnue.
Voilà quelques idées qui me sont venues en tête en sortant du film. D'autres avis?
Comme un certain nombre de personnes, j'ai lu le roman de Süskind et j'ai beaucoup aimé. L'idée de base est plutôt originale, le monde de l'odorat est rarement exploré en littérature. De plus, Süskind me paraît très doué pour les descriptions et les ambiances. Quand on referme ce roman, on "sent" le monde autrement. Cependant, pour moi, cela va beaucoup plus loin. Le roman s'appelle "Le Parfum" et non "Les Parfums". Toute la différence.
Je m'explique. A mon avis, le titre se réfère au parfum que J-B Grenouille veut créer en rassembler les odeurs de toutes ces femmes (à ce propos, n'est-ce pas là un cliché? ou au moins une idée pas assez explorée?). Jusque là, rien de neuf sous le soleil. Pouqruoi Grenouille fait-il cela? Pour avoir une odeur propre, pour exister. L'intérêt de l'histoire est selon moi cette prooblématique de l'existence pour soi et pour les autres. Peut-on vivre si on ne "sent" pas exister soi-même? si les autres ne sentent pas notre existence? Il est facile de voir que la plupart des êtres humains ont besoin de la compagnie de leurs semblables, d'appartenir à un groupe. Mais je crois que cela va plus loin.
Selon E. Lévinas, le visage de l'autre est en lui-même le commandement "Tu ne tueras point". Pourquoi en serait-il ainsi? Je crois que voir le visage de l'autre, l'autre voyant notre visage, nous sommes confrontés à notre propre existence. Nous avons besoin du regard de l'autre qui dit "tu ne tueras point", nous avons besoin qu'autrui reconnaisse notre existence. Ce ne sont que des pistes, mais il me semble qu'il y a pas de choses à creuser dans ce thème.
Revenons au film. Premièrement, Dustin Hoffman, qui est un acteur que j'adore (ne serait-ce que dans "Rain Man") est juste ridicule dans son rôle de parfumeur. L'acteur un peu près inconnu qui joue Grenouille est plutôt pas mal, même si je ne suis pas extrêmement convaincue par l'interprétation que le réalisateur fait du personnage de Grenouille. Evidemment, pour les besoins du cinéma grand public, Grenouille est bien mieux physiquement que ce à quoi on pourrait s'attendre en lisant le roman (Grenouille est repoussant dans le roman). Mais ce n'est pas ça qui me gêne en priorité. Je trouve que Grenouille est un peu trop présenté comme un demeuré, une pauvre âme perdue qui cherche la reconnaissance de sa propre vie par les autres êtres humains. Certes, il y a de cela, mais d'après Süskind, le personnage est bien plus nuancé. Il reste que Grenouille est un meurtrier, un psychopathe de génie mais un psychopathe quand même. La violence même que Grnouille met à se créer une identité "existante" (qui est en vie) est très importante, dans le film elle disparaît quelque peu. Mais peut-être n'est-ce là qu'une interprétation personnelle infondée. Après tout je ne suis pas critique de cinéma.
Pour le reste, le film est à mon avis assez raté. Les images sont bien moins riches que les mots, même avec des couleurs saturées et des scènes qui se veulent explicites. Les mots ouvrenet toutes les portes. Pour moi, le film veut en jeter plein la vue et c'est en vain. Voilà un livre simplement inadaptable parce que sa trame est basée sur un sens qui ne peut être retranscrit en images. Exemples: les cheveux presque rouge vif des femmes, Grenouille bébé au milieu des poissons morts et la scène d'orgie sexuelle qui tourne au ridicule. Tout ça est simplement trop et vain.
A mon humble avis, il fallait éviter ce qui est inadaptable et se concentrer sur ce qui est intéressant dans le roman, ce qu'il y a derrière. Il aurait été peut-être possible de changer l'histoire tout en conservant le thème de la quête d'une existence reconnue.
Voilà quelques idées qui me sont venues en tête en sortant du film. D'autres avis?
Ecrit par Aliena, le Jeudi 12 Octobre 2006, 18:19 dans la rubrique "Journal de bord".
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